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La fabrique familiale de carreau-ciment de Phnom Penh

Ma première piste sérieuse s’est révélée avec la rencontre de Lucille à Phnom Penh (http://amourvoyou.com.). Cette designer et architecte d’intérieur française a employé dans plusieurs de ses projets des carreaux-ciments locaux. En travaillant avec une manufacture locale, elle a désigné et conçu des motifs pour plusieurs de ses clients.



À l’issue de notre échange, elle me transmet les coordonnées de son fabricant. Malheureusement pour moi, la carte de visite de l’ entreprise est en cambodgien. C’est alors que commence un jeu de piste en mototaxi pour retrouver l’ usine. Dans l’est de la ville, caché derrière une station-service, dans un hangar ouvert, je découvre deux ouvriers à l’oeuvre sur leurs presses. La fabrication ici est artisanale et l’entreprise familiale. Pas d’ordinateur et pas de catalogue, la fabrication se fait à la demande, pour le marché local. Très gentiment la patronne, me présente une série de photo des carreaux précédemment fabriqués. Je retrouve plusieurs sols que j’avais photographié dans ma déambulation dans la vieille ville.



À ma grande surprise, les presses utilisées ici sont manuelles. Les deux ouvriers alternent leur travail sur la même presse en veillant à ne pas prendre un coup de contre-poids dans la figure. Les gestes sont précis et délicats. Le démoulage est l’instant de tous les risques. Entre chaque fabrication, les outils sont nettoyés, le fond de moule lustré, pour faciliter le démoulage. (Voir article fabrication carreau-ciment).


La patronne me précise que les délais d’attente sont de plusieurs semaines. Les hôtels et les restaurants cambodgiens se pressent ici pour confectionner leurs sols décoratifs. Hors de question d’exporter ces carreaux, la fabrique familiale ne dispose pas d’internet et encore moins de moyens d’emballage.


Cette usine est un des secrets les mieux gardés de la capitale cambodgienne. En conservant une production artisanale, cette entreprise a perpétué la tradition de confection de carreaux. Après le retrait des entrepreneurs-colons, elle a sauvegardé ce savoir-faire, faisant évoluer les motifs et les couleurs suivant la mode et les envies locales.