C'est dans la boite! La mise en caisse du triporteur
Avec les précédentes expéditions du triporteur depuis le Havre et depuis Hongkong, je pensais avoir fait le tour de la question du transport maritime pour un véhicule. Une fois de plus, j’ai eu le plaisir de découvrir de nombreuses subtilités de cette discipline olympique qui est la recherche d’un transporteur maritime.
Enrichie de mes précédentes expériences en la matière, j’ai jugé bon de démarrer les investigations, plus d’un mois et demi à l’avance, à la fin Mars. Afin d’avoir un bon panel de proposition et pour faire face à d’éventuels désistements, j’ai consulté plus de six entreprises.
Là encore, la nature du bien transporté interroge mes interlocuteurs. Au fil des jours, au fil des courriels, les questions fusent entre transitaires/groupeur/affréteur. L’envoi d’un gentil triporteur se transforme en un transport de matière dangereuse. Beaucoup de complications pour pas grand-chose.
Malheureusement pour moi la CMA-CGM n’exploite pas de ligne directe avec Bangkok. Cette double casquette de transitaire (CMA-CGM LOG)/affréteur (CMA-CGM) m’avait grandement facilité les démarches pour l’expédition du Havre à Hongkong. Ici, la seule liaison possible passe par Singapour via la compagnie TS LINE.
La solution la moins onéreuse aurait été de travailler en direct avec une entreprise de groupage (LCL), mais ces compagnies, simple entreprise de logistique, ne s’occupent pas des formalités douanières d’import/export de véhicule. Aussi, afin de manutentionner le véhicule, elles exigent la redoutable caisse en bois. Cette caisse normalement indispensable à tout transport a laissé perplexe plus d’un voyageur à moto, tant son prix est parfois farfelu. Dans mon cas, la mise en caisse me coûte au minium 500€, une pilule difficile à avaler.
Les offres de transport s’établissent de 1500€ à 3500€, comprenant les frais d’export, de transport et d’import à Marseille. Parmi les deux options les moins onéreuses, j’avais la possibilité soit d’envoyer le triporteur en groupage (LCL) avec le surcoût de la caisse en bois, soit d’envoyer le triporteur dans un container de 20 pieds vide (FCL). L’idée d’avoir un container vide “à remplir” m’a quelque peut émoustillé. Une vespa ou une voiture de collection, très bon marché en Thaïlande, auraient pu accompagner le triporteur. Mais ne souhaitant m’éterniser à Bangkok, et ne voulant compliquer cet envoi déjà suffisamment tordu, j’ai opté pour la caisse en bois.
Après avoir dispatché mes affaires, j’ai pris la route avec Betty pour la dernière fois en Asie. Hasard de l’itinéraire, je suis passé devant tout un lot de dépôt-vente et de brocantes, de quoi me faire regretter l’option du container vide.
Perdu dans une zone industrielle à proximité de l’aéroport, je gare Betty dans l’entrepôt de l’entreprise de caisse en bois. Une équipe de jeunes charpentiers m’accueille tout sourire, et commence la prise de côte pour la fabrication de la caisse sur mesure.
Lors d’un envoi maritime, le coût de l’expédition se chiffre suivant le volume du colis envoyé. Chaque centimètre cube comptant, j’ai donc recherché à réduire au maximum le volume, en imposant à Betty un régime forcé.
Au menu des modifications, j’ai d’abord démonté les 3 pneus, abaissant ainsi le volume de quinze centimètres, soit 100 euros d’économie. J’ai ensuite démonté la fourche pour une économie de 80 euros. Bien que je me sois quelque peu étalé dans l’atelier avec mes outils, l’équipe m’a très gentiment donné un coup de main dans ces opérations mécaniques.
Aussitôt le triporteur aminci, l’équipe de charpentiers a réalisé une caisse sur mesure, en ne laissant quasiment aucun espace entre le triporteur et le bois. De la pure maîtrise! Comparés aux 7,7m3 que me prédisaient les transitaires, nous avons réussi à mettre en boîte Betty avec 6,459 m3. Une performance.
C’est le coeur noué que j’ai laissé ma compagne de route de ces quatres derniers mois, entre les mains du transitaire thailandais. Betty prendra la mer ce dimanche 22 mai, pour regagner la France à la mi-juin et reprendre les routes de France cet été.
J’appréhende déjà la réception du gros colis dans l’entrepôt de Marseille et la remise sur roue de Betty sous les yeux des dockers. Une toute autre aventure!