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Les savoir-faire du recyclage, les tailleurs de pneus

Aux abords des grandes villes laotiennes, des ateliers s’emploient au recyclage des pneus de camions pour les transformer en conteneur de poubelle. Cette technique astucieuse de réemploi d’un déchet abondant et peu valorisé nous offre un aperçu intéressant des possibles savoir-faire utilisant des déchets comme matière première dans leurs créations. Dans un deuxième article, nous extrapolerons aux métiers de la construction, cette démarche où la matière grise permet d’économiser de la matière première.

À la vision des poubelles jonchant les rues, rien ne saurait suggérer le matériau ayant servi à leurs fabrications. Leurs parois souples en caoutchouc, proviennent pourtant des rigides et encombrants pneumatiques de camion. Loin d’un process industriel complexe, la technique de reconversion utilise des outils artisanaux. Tout un savoir-faire qui a su s’adapter aux contraintes du matériau, et exploiter cette ressource bon marché.

Ce processus de recyclage débute par la découpe des lèvres inférieures du pneu. Ces bourrelets assurant le contact avec la jante contiennent des tringles métalliques. La découpe se fait à la hachette et à l’eau pour faciliter la pénétration de la lame dans le caoutchouc. Une fois déposés, ces cerceaux rigides serviront de pied aux futures poubelles.

Le pneu maintenant dépourvu de structure peut être découpé et travaillé. Encore trop rigide et épais pour être mis en forme, le profil du pneu va être épluché et retourné. D’abord, à l aide d’une lame, les ouvriers séparent les plis du pneu radial, en deux épaisseurs. Après avoir fermement accroché chaque demi-épaisseur, les deux palans séparent en deux strates ce mille feuilles. Les deux bobines produites présentent un aspect lisse.

Sur la bobine issue de l’extérieur du pneu, la sculpture de la bande de roulement se retrouve donc masquée à l’intérieur de la bobine.

Ce « laminoir » produit des feuilles de caoutchouc, lisse en extérieur et facilement modelable. La dernière étape consiste à l’assemblage de la future poubelle. Les feuilles sont fixées les unes aux autres par des vis.

Le résultat est bluffant. En plus d’être légère et flexible, cette poubelle est pratiquement incassable.

Bien qu’initié par manque de moyen, ce process de recyclage est exemplaire. En partant de la contrainte du réemploi d’un déchet, les ouvriers ont su mettre au point des outils artisanaux, et contourner les défauts de cette ressource, pour rendre sa matière exploitable. Le design de l’objet, lui aussi, permet de remployer 100 % de la matière de base. Une seconde vie pour ces caoutchoucs, qui après avoir parcouru les kilomètres, terminent leurs jours immobiles aux bords de ces mêmes routes.