Les restaurateurs et conservateurs d'Ayutthaya
Fraîchement arrivé dans la ville d’Ayutthaya, j’aperçois au loin un temple coiffé d’un échafaudage. Quelle aubaine ! Dès le lendemain matin, je m’empresse de le rejoindre pour un article qui devrait s’annoncer passionant. L’admission du site payée, je découvre un programme de restauration mené par un institut allemand. Comme à mon habitude, je chevauche les rubalises, pour découvrir des travaux de restauration de pierre. Après plusieurs clichés, je réalise que l’ambiance de chantier est étrange et les compagnons peu enclins à me faire découvrir leurs travaux. Je monte à travers l’echafaudage tubulaire et découvre des maçonnes en cours de restitution de sculptures. Là encore, je sens comme un malaise.
Arrivant à ma rencontre, depuis l’autre coté du site, une jeune sculptrice allemande m’interpelle. Je me présente, ainsi que mon projet et lui fait part de mon admiration pour ces travaux. Quelque peu surprise par ma présence sur l’échafaudage, nous échangeons sur nos parcours respectifs, lui faisant par de ma curiosité pour ce programme.
Très gentiment, elle me fait visiter le chantier, me présentant la méthodologie de restauration ainsi que les techniques employées. Elle me fait découvrir et me commente les calepins et plans d’éxécution. Captivant !
Sur ce monument ayant subit les affres de la pluie, l’équipe allemande péreinnise les décors existants, par le rebouchage des fissures et l’injection de résines. La communication avec les équipes locales se fait notamment par le collage de petites gommettes, précisants les trous d’injections à reprendre où non.
Inquiète de savoir si elle peut communiquer sur son chantier elle m’invite à repasser le lendemain, afin de m’introduire à sa responsable. Je prends donc rendez-vous pour le lendemain après-midi.
Enjoué de cette première mise en bouche, je me rends de nouveau sur le site, pour une visite qui va s’annoncer épique.
Arrivant en contrebas de l’échafaudage, la même sculptrise, m’invite à ne pas rester, sa chef apparement peu disposée à me rencontrer. Après cinq minutes, la responsable du site, rejoind l’echafaudage et m’interpelle sur ma présence sur la zone de travaux. Très agressivement, elle m’explique que connaissant mon métier, je devrais savoir qu’un chantier est interdit au public. Certes, mais dans ce cas comment rencontrer les bâtisseurs et comment établir un échange? Discussion de sourds; elle m’interdit de communiquer sur ces travaux de restauration, apparement inquiète pour sa publication à venir. Je retrouve là une ambiance malheureusement trop présente sur certains chantiers francais. Avec un secret des travaux et une accaparation du chantier et ses techniques par les maitres d’œuvre; alors que mon sujet n’était pas sur le programe de recherche, mais sur les compagnons et leurs savoir-faire.
Frustré et profondement déçu je rejoins mon auberge de jeunesse. Le hasard aura fait, que le seul chantier d’où je sois expulsé, soit un chantier tenu par… des occidentaux. Triste.
NOTA: Par respect des travaux de recherche en cours, j’ai choisi de ne pas publier les photos de documents, ainsi que de ne pas communiquer le nom du programe et ses intervenants.