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Le réemploi dans le bâtiment, une seconde vie pour nos matériaux.

Mieux que le recyclage qui vise à retransformer les déchets en une nouvelle matière première re-manifacturable, le réemploi vise à détourner un produit-déchet pour lui trouver un nouvel usage par une simple transformation.

Le voyage dans un pays en voie de développement donne tout son sens à cette maxime de Lavoisier : “ Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Dans ces maisons faites de briques et de brocs, le réemploi des matériaux est monnaie courante. Bien que réalisé par manque de moyens, il nous amène à réfléchir sur la seconde vie de nos matériaux de construction.

Dans nos contrées, le très bon projet du Pavillon de l’arsenal “matière grise” montrait les possibilités architecturales du réemploi, avec cette philosophie « plus de matière grise » pour consommer « moins de matières premières ». Les 75 projets surprennent par les “déchets” employés. Des verrières composées d’anciennes fenêtres, aux démontage et remploi d’un ancien hangar entier, les projets détonnent par leurs originalités et leurs réussites architecturales.

Petite sélection:

La page du projet:

La sélection des projets ici:

Je rajouterai à la citation de l’exposition « plus de matière grise » et « moins d’énergie grise ». En effet, la non-prise en compte de l’énergie grise dans le processus de fabrication et d’acheminement, et l’absence d’une approche globale de l’impact écologique de fabrication du matériau, plaide toujours en faveur d’une fabrication de produit à neuf, et disqualifie de fait le réemploi et l’utilisation de matériaux traditionnels locaux. De même que pour le marché automobile, l’approche écologique est avant tout consumériste et “manufacturiste”. On vend l’écologie, plus qu’on ne la pense, de manière globale… On préfère démolir et reconstruire, plutôt que de rénover.

Comme pour les produits ménagers, comment juger de l’obsolescence d’un matériau ? Sans passer par une batterie de tests et notes de calculs coûteuses ? Cette poutre métallique d’un ancien hangar, ou ce madrier en chêne, ne pourraient-ils pas avoir une seconde vie? Ces fenêtres ne peuvent-elles pas trouver un nouvel usage ? Le business de la valorisation par le réemploi peine à s’imposer, exception faite des matériaux anciens nobles (parquet massif, pierre). Une simple idée peut valoriser une ressource quasi gratuite et infinie, un concept séduisant qui devrait émoustiller plus d’un ingénieur en herbe. À quand des Labs de réemploi dans les grandes écoles?

Une véritable mode du réemploi est en train de naître sur la toile, avec un engouement pour les maisons à base de containers, ou le mobilier à base de palettes. Les esprits changent, et le concept séduit. Peut-être verrons-nous un jour des grossistes en matériaux de seconde main ? De même, les architectes aiment à installer des bardages en "fer rouillé neuf", peut être aimeront il faire du neuf avec de l’ancien?

Cependant, ces initiatives isolées peinent à s’imposer, freinées par un cadre normatif et des lobbies français très influents. Comme dans beaucoup de sujets d’innovation dans le BTP, les principaux fabricants, fleurons de l’économie française, mènent la danse de l’innovation. En influençant les normes de construction du très indépendant AFNOR, ils ferment le cadre réglementaire des matériaux de construction à leur avantage.

Sur les chantiers, les documents techniques demandés (avis techniques, rapport de test, procès verbaux) disqualifient d’emblée certains produits à la fabrication artisanale ou à la conception alternative.

Sous couvert de raisons sécuritaires, cet “hygiénisme technique”, tend à imposer l’emploi de matériaux manufacturés neufs. "Allez fournir un avis technique pour une verrière avec un remploi de fenêtre, ou une note de calcul pour un mur en pisé…"

Comme souvent, la révolution dans le bâtiment ne se fera pas d’elle même.

À titre d'exemple, est-il nécessaire de rappeler, que l'un des premiers labels d'eco-construction mis en place dans le bâtiment n’était pas le fruit de l’AFNOR ou d’un organisme public, mais d’une association, le HQE (avant de devenir une marque et d'être récupéré par l'AFNOR). Cela en dit long sur la manière d'insuffler de l’innovation dans ce vieux métier qu’est la construction.


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